Dans notre dernier article nous avons parlé des prothèses implantaires transvissées avec leurs indications leurs avantages et inconvénients. Aujourd’hui, nous allons aborder le sujet des prothèses scellées.
Dans cet article nous allons définir ce mode d’assemblage prothétique, détailler les situations cliniques dans lesquelles il est indiqué avec les avantages et limites de cette technique et nous finirons par une brève comparaison avec la prothèse transvissée.
La prothèse scellée est définie comme une restauration scellée sur un élément intermédiaire (faux moignon ou pilier) lui-même transvissé sur l’implant.
Comme la prothèse transvissée, elle peut être réalisée par une restauration à un ou deux étages selon le cas clinique et le choix du système implantaire.
A la différence des prothèses trans-vissées et dans les deux cas, la rétention de la couronne se fait par scellement.
La prothèse supra-implantaire scellée trouve son indication dans :
– les cas unitaires ou dans les restaurations de petite étendue.
– les cas où le trou d’accès à la vis des restaurations vissées peut compromettre l’esthétique et la stabilité occlusale.
– la restauration des implants mal alignés, en cas de divergence importante de l’axe implantaire car elle permet de rattraper une différence d’axe importante.
– les cas de dents de faible diamètre, évitant ainsi les trous d’accès de la vis qui occuperaient une large portion de la table occlusale.
Les principales contre-indications de ce type de restaurations sont :
– les cas d’espace inter-occlusal limité, qui met en péril la rétention de la prothèse.
– les reconstructions de longue portée voire d’une arcade édentée complète où les complications sont plus fréquentes d’où la nécessité de ré-intervention que seule les restaurations vissées permettent.
– les cas des patients où le caractère évolutif de la prothèse est envisagé et c’est possible avec les restaurations vissées qui permettent un retrait facile de la restauration et une facilité de modification de la prothèse.
– les situations où la limite cervicale est profonde de plus de 3 mm en sous-gingival car c’est très difficile voire impossible d’éliminer la totalité de l’excès du ciment de scellement .
– les cas où des complications techniques et biologiques sont redoutées. Dans ces cas les restaurations vissées permettraient de gérer les complications.
Cette prothèse présente de nombreux avantages d’ordre technique, esthétique biomécanique et fonctionnels.
Technique
La prothèse implanto-portée scellée s’apparente techniquement à la prothèse fixe conventionnelle, puisqu’une fois le pilier prothétique est fixé sur l’implant, il ressemble à un pilier dentaire. Ceci représente un énorme avantage pour le praticien du moment où il travaille avec une technique familiaire qui se rapproche de la prothèse dento-portée à laquelle le praticien est habitué.
Ce type de restauration offre aussi la possibilité de contrôle visuel pour l’ajustement lingual ou palatin et facilite la réalisation de la prothèse provisoire.
Esthétique
La prothèse scellée offre un large choix de piliers tant dans leur design (forme, profil d’émergence, etc.) que dans les matériaux. En effet le résultat esthétique peut être optimisé en adaptant le profil d’émergence.
L’absence de puits d’accès à une vis aide à ce que les surfaces des couronnes soient identiques aux couronnes conventionnelles grâce à l’homogénéité du matériau cosmétique. Cela offre un double avantage à savoir :
– le respect de l’anatomie de la surface prothétique
– une amélioration de l’esthétique principalement au niveau des faces occlusales des dents mandibulaires.
Biomécaniques et fonctionnels
Le scellement permet l’adaptation passive de la prothèse, une amélioration significative de la résistance au dévissage de la vis du pilier ainsi qu’une résistance plus importante à la fracture par rapport aux restaurations vissées. Il permet également une équilibration et un ajustement occlusal identiques à ceux en prothèse fixée dento-portée.
Les inconvénients associés à ce type de restaurations sont nettement moins nombreux que ceux de la prothèse transvissée. Les deux principaux sont :
– la difficulté de la réversibilité du traitement en cas de survenue de complications.
La maintenance et le démontage des prothèses sont difficiles à réaliser s’ils n’ont pas été
anticipés au préalable. En cas de dévissage de la vis du pilier, il est parfois nécessaire de découper la couronne malgrél’utilisation d’un ciment de scellement provisoire.
– la difficulté de visualisation et d’élimination de l’excès du ciment au niveau marginal de la couronne et. Ceci n’est pas une procédure facile surtout quand la limite de la restauration est située à 1.5 à 3 mm en sous gingival.
Le produit de scellement le plus difficle à éliminer est la résine composite suivie du CVI suivi de l’OPZ (phosphate de zinc)
Le débordement de ciment au niveau de l’espace biologique peut provoquer une irritation de la muqueuse péri-implantaire en cas de fusion dans les tissus mous, peut compromettre la pérennité de la restauration implantaire et représente un véritable risque d’échec.
L’attache conjonctive au sein de l’espace biologique implantaire ne s’effectue pas de la même manière qu’au niveau de la dent. Dans la dent naturelle les fibres de Sharpey sont orientées perpendiculairement au cément et elles sont orientéesparallèlement à l’implant au niveau implantaire, et adhèrent à l’implant ou au pilierprothétique trans-gingival. C’est à ce niveau que va interférer l’excès de ciment de scellement alors présent au sein de l’espace biologique et compromettre l’adhésion. La réponse des tissus parodontaux sera en fonction du biotype gingival et prendra la forme d’une récession ou d’une poche parodontale.
Une étude réalisée en 2009 a démontré que les cas d’excès de ciment étaient généralement associés à des signes de péri-implantite dont les signes cliniques et endoscopiques disparaissent dans 74% des cas après suppression de ces excès et la survenue de péri-implantite est plus probable chez les sujets avec des antécédents de pathologies parodontales.
Le choix du type de reconstitution: vissée ou scellée, dépend entre autres de la situation clinique, des exigences esthétiques afin que les étapes de vissage et de dévissagesuccessives, et les possibles fusées de ciment, au moment de la mise en place de la restauration prothétique respectent et protègent l’attache épithéliale et conjonctive.
Dans une revue de la littérature de 2012, Sailer et al. ont évalué le taux de survie sur 5 ans des restaurations scellées et vissées, et l’incidence des différentes complications sur
ce taux.Ils ont démontré que les deux types de restaurations influencent les résultats cliniques dans différents sens, et qu’aucune des deux méthodes d’assemblage n’est clairement plus avantageuse que l’autre.
Les prothèses scellées montrent des complications biologiques plus sérieuses(pertes d’implant et lyse de l’os marginal supérieures à 2mm) causées par l’excès de ciment de scellement avec un risque accru d’échec implantaire.
Par ailleurs, les restaurations vissées sont associées à plus de complications techniques. Ellessont plus facilement récupérables que les reconstitutions scellées et lescomplications biologiques et techniques sont traitées plus facilement.
Avec les prothèses vissées il y aura donc plus de reconstitutions prothetiques perdues, mais moins de complications biologiques sérieuses et moins d’échecs implantaires.
Certes le coût de fabrication des prothèses transvissees est relativement plus élevé, mais il faut privilégier ce type de prothèses implantaires à chaque fois que la situation clinique le permet car les avantages de ce mode d’assemblage en surpassent largement les inconvénients.
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